Fin de moi difficile
Et si malgré ce que je crois et les choses que j’essaye si malgré les résistances et l’énergie l’attitude la volonté les efforts si la fatigue est délétère et qu’elle ne soulage rien si je dois être drôle et qu’on me croit trop idiot pour être bête si l’inertie s’installe si cela fait trop longtemps que je nourrit le monstre et qu’il a tant grossi grossi grossi que je n’arrive plus à le déplacer s’il remplit tout l’espace et qu’il empêche tout si faire disparaître le monstre c’est laisser un immense vide avec rien pour le remplir si avec sa pesanteur mythologique il continue de grossir tout attirer à lui de tout précipiter contre sa peau dégueulasse molle sa peau qui colle et dont je n’arrive plus à me défaire sa peau toxique contre laquelle on pourrit lentement et je me laisse faire si je regarde ma peau fondre et nos muscles se ratatiner bientôt nos os transperceront tout on les verra jaillir sur nos bras et nos bustes des geysers on ensanglantera tout et notre peau disparaîtra dans la sienne et s’il est douloureux de le voir meurtrir les chairs et avaler les plaies il est trop vertigineux d’imaginer se débrouiller sans lui si on le cherche même quand lui ne nous veux pas on le cherche et on va le retrouver alors qu’on est sur le point de s’échapper on se retourne comme tous les Orphées et Eurydice est déjà loin il n’y a que la peau suintante les cris des autres les boursoufflures si j’arrive pas à vouloir et qu’il me rattrape toujours et que je sais plus sortir de son orbite si tout continue et que tout doit crever et qu’on veut laisser toujours l’abysse regarder en nous entrouvrir la porte et laisser le raz de marée exploser se répandre tout étouffer des oiseaux dans une marée de pétrole si je dégueule mes certitudes et si je veux plus voler si tout continue de grimper de grandir et de m’entourer si j’aime voir les flétrissures qui s’accumulent autour sur moi les plis profonds et ça finit par pendre si c’est trop dur de sauver si à la fin rien ne s’arrête si tout doit m’effondrer
Alors je bénis l’heureuse cruauté
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