D'être là
Alors.. ouais.. ahah oui, bonjour… bonjour, voilà… on va… ouais… on va commencer. Alors, bonjour. Merci à celles et ceux qui sont venus. Pas merci aux autres, ahah. Alors, donc vous connaissez le thème de la conférence, normalement, à moins que vous soyez entrés ici au hasard, ahah. Y en a qui sont entrés ici au hasard ?
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Oh là, merde. D’accord. Bon. Vous faites souvent ça, vous entrez au hasard dans des salles, vous vous asseyez avec les gens ? Ça peut être dangereux vous savez, moi je déconseille. Enfin bref, pour celles et ceux qui sont entrés ici par hasard, le thème d’aujourd’hui, bah il est simple ; Possibilité, ou non, d’une œuvre artistique et/ou philosophique et/ou artisanale, sans contenu ; étude ontologique du sens, de ses résidus et de ses opposés, de la façon dont ils s’articulent dans l’œuvre, du rapport qu’ils entretiennent, ou non, avec la volonté, partie 1. Mais, j’imagine que vous l’auriez sans doute deviné. On va commencer tout de suite par la première sous-partie : De l’absolue nécessité d’avoir des titres concis.
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Non, sérieusement. Ça fait un moment que je travaille là-dessus, et je suis très content de vous présenter ça aujourd’hui. Je pense que, ça va nourrir des réflexions et des échanges intéressants entre nous, et peut-être que vous pourrez m’aider parce que, vous allez le voir, moi j’ai aucune réponse pour l’instant, ahah. Alors, on va… oui ?
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D’accord. Juste… je vais vous répondre là, mais pour le reste de la conférence, on gardera plutôt les questions pour la fin, si ça vous va. Bien sûr, quand je dis « si ça vous va », c’est une pure formule de politesse, parce que, en vrai, c’est moi qui décide, ahah. Donc, pour vous répondre, non, c’est pas un sujet sur lequel j’ai commencé à travailler dans un cadre universitaire. Non, pour tout vous dire mon parcours universitaire il est un peu comme la série The Walking Dead ; c’était sympa pendant deux ans, puis très vite, j’en ai plus rien eu à foutre.
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Voilà. Non, mais trêve de plaisanterie. C’est quelque chose que j’étudie juste de mon côté quoi, avec toute la rigueur et le sérieux dont je suis capable, à savoir pas grand-chose ahah… je.. ouais ?
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Ok. Par contre, vraiment, les questions ce sera pour la fin de la conférence. Enfin, j’imagine que c’est pas la première fois que vous allez à une conférence, c’est souvent comme ça que ça marche. Mais je vais vous répondre, puisque je suis une personne adorable, doublée d’une grosse victime. J’ai ajouté « Partie 1 » à la conférence, parce que c’est une question vaste et que j’ai vraiment pas la sensation d’être allé au bout, pour l’instant. Y a encore beaucoup d’angles et d’aspects que j’ai envie d’explorer, mais j’ai pas l’énergie de faire une conférence de 20 heures donc j’ai préféré segmenter. Voilà. Du coup on va commencer, alors…
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Super. Je salue votre esprit de rébellion, mais comme je l’ai déjà répété je vais arrêter de prendre des questions, j’aurais surement plus de choses à dire une fois que j’aurais commencé à parler, vous croyez pas ?
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Je… pardon, il fonctionne mon micro là ? Vous m’entendez ? Où vous me voyez seulement bouger la bouche en silence ? Parce que j’ai l’impression que ça fait trois fois que je vous dis que les questions ce sera pour la fin de la conférence. Je suis content que le sujet vous interroge déjà autant, n’en doutez pas, mais on aura tout le temps d’en discuter à la fin, c’est promis. Et je tiens toujours mes promesses, sauf celles que je fais à ma mère. Mais vous n’êtes pas ma mère n’est-ce pas ?
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Le… pardon ?
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Je comprends pas le rapport avec ce dont on parle en fait, puis c’est une question très personnelle là, ça n’a pas vraiment sa place ici. Et puis je pense que ça n’intéresse pas grand monde à part ma psy.
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Nan mais on s’en fous, non ? Je sais pas pourquoi j’ai fait référence à ma mère, c’était une blague quoi, une plaisanterie. Vous pouvez me laissez continuer s’il vous plaît ? Si ça vous intéresse pas, les portes sont ouvertes. Vous faites peut-être partie des gens qui sont entrés par hasard. Ou alors vous cherchiez la conférence sur « Pourquoi je fais référence à ma mère dans des plaisanteries ? », ou un film de Xavier Dolan. Quoiqu’il en soit, c’est pas ici, je vous assure. Allez, donc, j’ai commencé ce travail quand je me suis demandé…
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Euh c’est bon là ? C’est quoi ? C’est une blague ?
…
Mais non, c’est pas vrai.
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Non je suis pas sur la défensive. Mais vous arrêtez pas de m’interrompre, j’ai même pas commencé l’introduction. Mais cela dit il faudra que je m’excuse auprès de certains profs, je comprends ce que je leur ai fait ressentir maintenant.
…
Quoi ?
…
Non, je suis pas en train de fuir par l’humour je…
…
Oui, je fais beaucoup de blagues, mais c’est parce que je suis hilarant tout simplement et…
…
Non, je viens pas de le refaire. On peut arrêter ma thérapie là ? Ou alors si on continue vous pourriez au moins me fournir un fauteuil plus confortable.
…
C’est encore une blague, oui. Bravo, Sigmund. Oui je fais des blagues, ça s’appelle animer une conférence et détendre l’atmosphère, ça vous parle pas ?
…
Je suis pas agressif. Je vous réponds. C’est tout.
…
J’essaie de parler de quelque chose d’important là, pas de moi, s’il vous plaît.
…
Mais si je me crois important ! Enfin, non pas trop mais je… raisonnablement enfin… vous êtes très attentif à ce que je dis, mais seulement quand ça vous arrange, hein.
…
Quoi ?
…
Je vais pas vous répondre, en fait. Je sais même pas pourquoi je vous accorde de l'attention. Vous êtes venus là pour me regarder et m'écouter.
...
Mon égo ? Mais non, c'est simplement le principe d'une conférence, je suis sur scène et vous m'écoutez...
...
J'ai pas de mal à me faire écouter dans la vie, j'ai pas la sensation d'avoir besoin d'une audience silencieuse et soumise, j'ai juste une conférence à faire, des choses à raconter, j'ai pas inventé le concept.
...
Bon, c'est insupportable. Je suis sûr que vous dérangez plein de gens qui sont là et qui ont très envie d'entendre cette conférence, vous mettez tout le monde très mal à l'aise.
...
Oui j'en suis sûr, sinon ils seraient pas venus.
...
Mais j'en sais rien, je... non, bien sûr que non.
...
Comment vous savez ça ?
…
Arrêtez.
…
Arrêtez, maintenant !
…
Je m’en fous de ce que vous pensez, laissez-moi.
…
Laissez-moi.
…
Laissez-moi !
…
Laissez-moi.
…
Laissez-moi.
…
Laissez-moi…
…
Laissez-moi.
Bravo encore Enzo 🌿🌼🌿
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