Amours Cannoises - Jouer des coudes
Passé une certaine heure, les bus à Cannes sentent le mauvais parfum et sont tout en noir et blanc.
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C’est dimanche ! Les beaux costumes aujourd’hui se partagent exceptionnellement les corps des festivalier·es et des fidèles qui vont à la messe.
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« Et toi ? » est la question que je redoute le plus en ce moment. Et moi rien du tout.
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J’ai beaucoup aimé le Mia Hansen-Løve. Il est loin d’être sans défauts mais il a su me séduire. Cela dit, je suis un spectateur facile pour ce genre de film ; j’ai vite su que je rentrerai avec lui ce soir-là.
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Il y a, dans toute salle de spectacle, un enjeux des accoudoirs. Comment s’organise-t-on ? On partage dans la longueur, où on décide d’un côté ? Ici, le conflit est résolu de manière radicale. Chacun·e refuse poliment d’utiliser les accoudoirs et ramasse ses bras sur soi. Presque toujours. Il arrive que dans un moment de faiblesse, on laisse tomber un coude sur le coussin. Que ce soit pour se caresser le front face à la complexité d’un thriller, ou pour poser rêveusement une main sous notre menton devant une romance.
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Nous voilà, en last minute ! Nous autres, les pique assiettes. On a essayé de bien s’habiller, mais on voit bien que nos tenues n’ont pas la même qualité que celles que portent les officiel·les qui ont obtenu un billet dans la règle. Peu importe, nous sommes là, et nous verrons le film. Une association des Last Minute commence à s’organiser pour tenter de renverser l’ordre établi. Par manque de sièges, tout le monde n’a pas pu obtenir une place pour l’assemblée générale. Des gens font la queue à l’entrée dans l’espoir d’un désistement.
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Et, encore plus rarement, deux personnes assises à côté ont simultanément un moment de faiblesse. Alors un effleurement devient possible et même probable.
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Nous avons donc vu le nouveau Quentin Dupieux, en séance de minuit, dans une salle pleine d’une féroce énergie. Quel plaisir ! Fumer fait tousser est d’une drôlerie sans pitié, et d’une inventivité qui émerveille.
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La réception en sera embarrassée, scandalisée ou complice. Les coudes seront retirés, réorganisée dans l’espace, ou gardés en contact.
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Peut-être qu’un jour j’intégrerai l’humanité. Pour l’instant, le monde se refuse toujours à moi.
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Dans un endroit aussi ouvertement aristocratique, l’hyper-correction fait rage. Les personnes qui portent des smokings toute la journée, dès 9 heure du matin, sont tout de suite identifiées comme n’appartenant pas à ce milieu. Mais celles qui sont vêtues avec trop de nonchalance sont également identifiées. Il faut trouver le bon degré d’élégante désinvolture si l’on veut être bien vu, mais qui veut ça ? Ces règles d’ajustement vestimentaire existent partout, pas seulement chez les riches.
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J’aimerais être réellement désintéressé des célébrités et du glamour. Mais je ne peux pas nier que je ressens un authentique frisson d’excitation quand je vois des stars sur le tapis rouge.
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Pourquoi suis-je autant amoureux de Léa Seydoux, en particulier, dans Un beau matin, de Mia Hansen-Løve ?
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Après le film de Quentin Dupieux, hier soir, il n’y avait plus de bus, et les Uber étaient majorés à cause de la forte demande. C’est une longue marche nocturne vers les hauteurs cannoises désertes qui m’a ramené à l’appartement. Alors que j’étais épuisé, j’ai cru m’endormir en route. Ça n’a pas eu lieu, mais je me souviens de ce trajet comme d’un rêve.
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Les vieilles dames d’ici aiment parler avec moi, je ne sais pas pourquoi.
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J’ai des cacas d’yeux toute la journée. Il est probable que je m’endorme constamment sans m’en rendre compte.
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Aujourd’hui, Olivier Assayas et Alice Winocour. Demain c’est presque déjà fini.
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