Désamours franciliennes

 




- Vous n’avez pas d’article ? 
- Non, je vais juste vous prendre une bouteille de Ricard, s’il vous plaît. 
- Oh, bien sûr. Vous faites la fête ce soir ? 
- Eh, ben oui. 
- D’accord. 
- Non une petite bouteille, s’il vous plaît.
- Ah, d’accord. 

-

Un mois bientôt que je suis rentré ici. Rien n’a vraiment changé. Tout continue de se déliter. 

-

- Oui, bonjour, je vous appelais pour m’excuser d’avoir raté la séance de vendredi. Je me suis pas réveillé. 
- Hmhm. 
-…
- Quand est-ce que je vous revois ? 
- Demain ? Matin ?

-

Au restaurant l’autre jour, deux étudiants de HEC sont venus s’asseoir à la table directement voisine de la notre sur la terrasse qui était, par ailleurs, déserte. Ils n’ont cessé de se plaindre de la fumée de mes cigarettes, mais leur conversation était infiniment plus polluante. Pourtant on ne me voyait pas faire de grands gestes d’éventails chaque fois qu’ils ouvraient la bouche. 

-

La canicule a la vertu de faire puer tout le monde. Je passe enfin incognito.


Est-ce que ce serait pas un peu néo-libéral quand même ? Ou je suis un peu de mauvaise foi ? 


Je vieilli à un rythme d’un an par semaine en ce moment. J’ai 45 ans aujourd’hui. Je serai bientôt plus vieux que mes parents. 

-

Je reconnais n’avoir, la plupart du temps, aucune idée de ce que je raconte. Au risque de créer la surprise générale. 


Les vieilles dames des bancs publics me draguent maintenant. Elles doivent penser que je comprend leurs problématiques alors que je m’approche de leur âge. Elles n’ont pas tort, mais elles sont pauvres. Je fréquente les mauvais parcs.

-

On fait semblant mais on sait bien que la réalité s’est effondrée pendant que l’on ne regardait pas, et qu’on se promène dans des bains de brouillard. Il n'est pas impossible d'y trouver une joie voire une libération. 

-

Tout compte fait, j’aime assez prendre le tramway.

-

Je suis de bonne humeur, la belle affaire.

-

Alors voilà, je suis amoureux de Blandine Rinkel. Par pitié, ne lui dites rien. 

-

Un mois bientôt que je suis rentré ici. Rien n'a changé. Je hais ce territoire toujours autant qu'il m'est indispensable, il m'énerve toujours autant qu'il me ressemble. 

Commentaires