Oisivetés - Prologue
- Je pense que ce qui m'a beaucoup influencé dans mon parcours, et ce qui est peut-être ce à quoi je reste le plus réceptif, c'est les erreurs, les pas de côtés, les moments où j'ai perdu le contrôle. C'est pour ça que quand j'ai choisi d'appeler ma nouvelle mixtape "Pognez Pagnol", même si personne y croyait, je savais que c'était le bon choix.
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Tell me, how you feeling ?
Feeling good as hell !
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Je lui ai cloué le bec en lui citant Roland Barthes. Personne ne résiste quand je cite Roland Barthes. ça les laisse comme deux ronds de flan. Tiens, ils se disent, mais il n'est aussi bête qu'il en a l'air, puisqu'il cite Roland Barthes, c'est qu'il y en a là-dedans.
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- Herbert Marleau, bonjour.
- Bonjour, Adèle.
- Alors, vous avez reconnu j'en suis sûr, cet extrait de Ma nuit chez Maud, d'Eric Rhomer.
- Bien sûr ! J'ai beaucoup fréquenté cette nuit moi aussi, quand j'étais plus jeune. C'était réjouissant de la retrouver !
- Qu'est-ce qu'il pensait, Eric Rhomer, de Roland Barthes, qui était quand même son contemporain ? Est-ce qu'il y a du Barthes chez Rhomer ?
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How much, how much it feels like
We are losers
On the verge of something
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- Dans l'Oise, un homme de 45 ans a été médaillé pour une raison plutôt insolite. Est-ce que vous pouvez me trouver cette raison ?
- C'est sexuel ?
- Non.
- Alors ça m'intéresse déjà beaucoup moins.
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Bonjour, Madame. J'essaye de vous joindre pour discuter un peu de votre compte formation personnel, est-ce que vous pourriez me rappeler ?
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Je t'emmène danser
Sur la ligne de l'horizon
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- Moi j'avais plutôt aimé son précédent, c'est pour ça que celui là m'a vraiment déçu. Je comprend le délire thriller et tout, enquête, puzzle, Fincher, tout ça, mais alors la surcouche familiale ça m'a perdu. Je trouve ça complètement raté, en fait.
- Je te trouve un peu dur, mais c'est clair que c'est mal dosé.
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Je t'emmène valser
Sur la ligne de l'horizon
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- Peut-être que ce qui me plaît le plus, dans Ma nuit chez Maud, c'est l'oisiveté générale de...
Oh non. Oh non, putain non. Je regarde l'homme pressé qui vient de me bousculer en s'excusant à peine. Puis mon téléphone, qui vient de tomber en bas sur la voie. J'ai le temps de le voir une seconde avant que les roues du métro le fracassent en mille morceau. J'ai sursauté. Tous les bruits sur le quai sont trop fort, je prend soudainement conscience de chaque micro-événement. Autour de moi, ceux qui ont vu la scène étendent leur bouche dans des rictus compatissants qui dissimulent mal leurs rires. Je vois mon reflet dans la vitre du métro, avec ces deux petites tiges blanches qui sortent de mes oreilles, et qui sont ridicules maintenant. J'ai laissé passer le métro et le métro suivant. Je suis restée paralysée. Quelle soirée, merde.
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