Rue Saint-Honoré
Je descend la rue Saint Honoré, parce qu’il faut des cigarettes. Je ne peux pas croire que je vais trouver un tabac ici. Google Maps me le promet, et j’ai une foi numérique inébranlable, mais je suis incapable d’imaginer comment un tabac serait greffé sur cette rue qui n’est faite que de Benetton, de Louis Vuitton, de Chopard qui promet de rénover un de ses magasins pour préserver le patrimoine parisien. Mais il est bien là, le tabac, à l’endroit promis. Il faut croire qu’une petite partie des riches fument toujours, et c’est une bonne nouvelle. Ils n’ont pas encore tous été englués par la vague hygiéniste californienne qui s’est pourtant répandue sur la bourgeoisie internationale - avant de contaminer peu à peu les classes inférieures - aussi vite que les iPhone.
Cette incartade dans le premier arrondissement est l’occasion de se souvenir que la fraternité économique transcende les nations. Ce ne sont que des touristes qui font la queue en nombre devant la boutique Hermès, mais pas n’importe lesquels. Pendant ce temps, à une rue de là, les touristes pauvres hurlent dans les attractions du jardin des Tuileries.
J’ai mes cigarettes, je revient à mon club sandwich. « Quand tu vois ce qu’il se passe, ils devraient quand même arroser un peu moins les golfs », affirme fermement une parisienne quinquagénaire derrière moi, sans doute issue des franges les plus radicales du Parti socialiste, voire d’Europe écologie les verts. Par chance, les policiers n’ont pas entendus les appels insurrectionnels de cette révoltée prête à en découdre.
« Good vibes only », « Free yourself », « Body positive », des inscriptions qui bardent des poitrines canoniques, ou qui ornent des tote-bag suspendus à des épaules canoniques, battant gracieusement des hanches canoniques. « + = + », le meilleur d’entre eux, puisqu’il a réussi à transformer en mantra hype ce qui n’est au fond qu’une promesse sarkozyste bien connue. 39% des adultes dans le monde seraient en surpoids, mais 100% des personnes en surpoids sont absentes de cette rue.
Plus tôt, au musée, je comparais ma tenue avec celle d’une petite fille qui visitait l’exposition avec sa mère. Elle était parfaitement lookée, et d’une aisance insupportable. Elle avait l’espièglerie et la curiosité féroce typiques des enfants dans les pubs de Kinder. J’ai baissé les yeux sur mes efforts d’hyper-correction. Comme pour me venger j’ai pris une mine affectée devant une photographie pendant près de trois minutes, allant même jusqu’à pencher la tête. Ça a du faire un effet dingue. Je le sais, je voyais mon reflet sur le verre.
Cette incartade dans le premier arrondissement est l’occasion de se souvenir que la fraternité économique transcende les nations. Ce ne sont que des touristes qui font la queue en nombre devant la boutique Hermès, mais pas n’importe lesquels. Pendant ce temps, à une rue de là, les touristes pauvres hurlent dans les attractions du jardin des Tuileries.
J’ai mes cigarettes, je revient à mon club sandwich. « Quand tu vois ce qu’il se passe, ils devraient quand même arroser un peu moins les golfs », affirme fermement une parisienne quinquagénaire derrière moi, sans doute issue des franges les plus radicales du Parti socialiste, voire d’Europe écologie les verts. Par chance, les policiers n’ont pas entendus les appels insurrectionnels de cette révoltée prête à en découdre.
« Good vibes only », « Free yourself », « Body positive », des inscriptions qui bardent des poitrines canoniques, ou qui ornent des tote-bag suspendus à des épaules canoniques, battant gracieusement des hanches canoniques. « + = + », le meilleur d’entre eux, puisqu’il a réussi à transformer en mantra hype ce qui n’est au fond qu’une promesse sarkozyste bien connue. 39% des adultes dans le monde seraient en surpoids, mais 100% des personnes en surpoids sont absentes de cette rue.
Plus tôt, au musée, je comparais ma tenue avec celle d’une petite fille qui visitait l’exposition avec sa mère. Elle était parfaitement lookée, et d’une aisance insupportable. Elle avait l’espièglerie et la curiosité féroce typiques des enfants dans les pubs de Kinder. J’ai baissé les yeux sur mes efforts d’hyper-correction. Comme pour me venger j’ai pris une mine affectée devant une photographie pendant près de trois minutes, allant même jusqu’à pencher la tête. Ça a du faire un effet dingue. Je le sais, je voyais mon reflet sur le verre.
J’entend la voix de la mère qui demande à l’enfant bénie : « Qu’est-ce que ça t’évoque ? ».
❤️❤️❤️
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