Les vacances de Monsieur Basart

 



Le Boeing tremble et Monsieur Basart n’imagine pas sa mort tragique. Il n’a pas d’images de membres déchiquetés, de crânes explosés ou de disparition en haute mer. Il savoure ses pâtes aux olives humides et son verre de vin rouge tranquillou. Monsieur Basart a d’ailleurs embarqué dans cet avion opéré par une compagnie colombienne sans la moindre angoisse raciste. 

De grandes tours s’élèvent dans le ciel de Sao Paulo et de petits crackheads s’étalent au sol, créant un drôle de repère orthogonal. Abscisse désordonnée. Entre les deux, Monsieur Basart bedonnant et débonnaire, déambule dans la mégalopole du sud global. Son argent et ses documentos soigneusement cachés sous son short grâce à une mince banane. 


Des palmiers, des tours, des aubergines parmigiano et des trucs frits qui dégoulinent. Des riches en tong et des pauvres en santiag. Monsieur Basart déguste des spécialités locales sans penser une seconde aux croissants au chocolat. Il n’imagine pas non plus des diarrhées explosives ou des vers dévoreurs de chairs dans son ventre. Tudo Bem. 


Ce voyageur a commencé des leçons de portugais sur Duolingo la veille de son voyage. L’application lui apprend à dire « le », « la », « homme », « femme », « lait ». Deux jours sur place, il a déjà besoin de dire « combien », « bière », « gazeuse », « chiottes » et « un paquet de marlboro gold s’il vous plaît ». 11 réals, 1.87€. 


Comme grosso modo 1 français sur 7, Monsieur Basart a grandit en région parisienne. Il aime les grandes villes, moches et inhumaines. Crades, interminables, riches, puantes et policées. Monsieur Basart est un tocard moyen. 


La ville étend ses tentacules sous une épaisse couche de pollution caramel et la bière est bonne.


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